Pr Israël Nisand, Président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)
Communiqué extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des Femmes, réalisé par l'agence CommEdition, en parution dans Le Monde daté du 16 Janvier 2021.
La personnalisation de la prescription dans le cadre d’une consultation annuelle est essentielle pour établir un bilan individuel, notamment des contre-indications.
Une symptomatologie climatérique sévère touche 25 % des femmes en ménopause ou péri-ménopause (bouffées vasomotrices, sueurs nocturnes, douleurs articulaires, troubles du sommeil, de l’humeur, etc.) qui justifierait un traitement hormonal.
Pourtant, une enquête du Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (Gemvi), menée en 2020 sur 5 000 femmes, montre que seules 6 % sont traitées, vs 20 % des femmes il y a vingt ans.
Cette baisse de prescription est due à une étude américaine qui concluait à un sur-risque d’accidents cardio-vasculaires et thrombo-emboliques. Arrêtée au bout de cinq ans, cette étude WHI de 2002 a été menée sur une population biaisée (63 ans en moyenne, 20 % > 70 ans) avec des médicaments inadaptés (oestrogènes équins par voie orale et progestatif de synthèse).
Or en 2006, la réévaluation de cette étude par tranches d’âge a révélé les atouts d’un traitement hormonal de la ménopause chez les femmes les plus jeunes, de 50 à 59 ans, avec pour ces femmes traitées en début de ménopause une diminution du risque cardio-vasculaire, persistante lors de la réévaluation de cette même population en 2018.
Pour les bonnes patientes, au bon moment (dans les dix ans au maximum suivant la ménopause, « fenêtre d’intervention ») et avec les bonnes molécules (estradiol naturel – voie transdermique –, progestérone ou rétroprogestérone « traitement à la française »), les bénéfices d’un traitement hormonal de la ménopause méritent d’être discutés face aux éventuels risques : diminution de la fréquence de certains cancers, de l’ostéoporose et du risque cardio-vasculaire sans parler de l’amélioration considérable de la qualité de vie des femmes les plus touchées. Les fractures du col du fémur, quand elles se produisent, tuent une femme sur six et le traitement hormonal de la ménopause est la seule prévention primaire contre ce fléau.
Les recommandations de bonne pratique clinique du CNGOF/Gemvi, qui paraissent ces jours-ci, doivent apporter un éclairage utile au corps médical français, mais aussi aux femmes.
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